La vision du Chaman

La vision du chaman.

J’errais… j’errais dans la forêt des cendres comme à mon habitude tirant sur ma pipe au foyer en forme de tête d’ours. Des moments de solitude où mon esprit planait sur les ailes de l’imagination. Là, au milieu des bois, nulle remarque à propos de ma barbe
« Un elfe avec une barbe n’est pas un elfe mais une bête ! » disait un abruti de noble.
Dehors, dans les bois je n’étais ni un elfe ni une bête, juste moi-même.
Je repensais à tout ça lorsqu’une brume tombait sur la forêt. Phénomène étrange puisque c’était l’après midi. Par moment le soleil disparaissait dans le feuillage et réapparaissait jouant avec la brume et les branchages des arbres à travers de longs traits lumineux.


Un voile de mystère commençait à m’entourer. Ca m’amusait d’être pris dans ce néant flottant.
Au bout d’un temps, je ne voyais plus qu’à quelques mètres devant moi, le silence régnait, seule ma respiration rythmait celui-ci.

Soudain un murmure parvint à mes oreilles. Il me glaçait le sang d’effroi car il murmurait mon nom. Je demandais si quelqu’un était là mais personne ne répondit.
Le brouillard me pénétrait, rentrait par tous les pores de ma peau. Je commençais à paniquer, seul dans ce bourbier lunaire où une voix éthérée c’était faite entendre.
Comme par enchantement, la brume se séparait laissant un chemin, comme pour me montrer une voie. J’entrepris de la suivre, peut importe ce que j’allais découvrir, où elle me mènerait, il fallait que je sache.

Le brouillard commençait subitement à se dissiper laissant apparaître de grands arbres.


J’étais intrigué, je m’avançais, au sol une empreinte d’ours m’attira l’œil. Comment un ours pouvait- il ne laisser qu’une seule empreinte ?
Un des arbres devant moi avait une ouverture qui m’invitait à pénétrer dedans.
J’entre ? Je n’entre pas ? Tant pis, je ne vais pas rester seul là, à me poser des questions alors que les réponses sont peut être la dedans, aller ! J’entre !

J’entrais… j’entrais cette ouverture qui m’emmenait au cœur de l’arbre.


Je suis resté un moment, là, debout afin de permettre à mes yeux de s’habituer à la pénombre.
Immobile, j’écoutais le vent dans les branches et les craquements du bois comme si j’étais à l’intérieur d’une poitrine dont j’écoutais la respiration régulière et apaisante.
Je regardais alors autour de moi et m’aperçu que là où je me trouvais, était bien plus vaste que l’arbre semblait l’être.
Le soleil avait du bouger dans sa course car un trait lumineux perçait à travers un trou. Je le suivais des yeux et là, il me montra un trou, un trou d’où provenait un léger courant d’air frais.
Je ne sais pas ce qui m’a pris, mais je m’engouffrai dedans, l’esprit curieux de découvrir ce mystère qui m’intriguait tant.

C’était un boyau long, étroit, en pente douce, faiblement éclairé par une sorte de mousse luminescente.
Après avoir rampé une dizaine de minutes, je commençais à trouver l’idée moins attrayante.
Je me sentais comme une taupe dont les sens seraient tous devenus aveugle.
Prisonnier de la terre, prisonnier dans la terre où les murs de mon étroite cellule, d’une épaisseur terreuse s’étendaient sur des lieux et des lieux…
Je commençais à paniquer lorsque une brise légère me caressa le visage, comme pour me rassurer ; je poursuivis.
Devant moi, la faible et pâle lueur de la mousse diminuait de plus en plus, il n’y avait plus que les ténèbres.

J’entrais… j’entrais dans les ténèbres qui m’emmenait dans les sombres abysses d’un monde inconnu.
Soudain je glissai sur quelques mètres, ma main tâtonnait l’obscurité mais rien ne la rencontra. Le sol était bien là seulement rien autour de moi ne semblait être ce boyau d’où, je compris, j’étais sorti.
Seul dans les ténèbres, « voila où ton idée géniale t’avais conduis, dans les profondeurs insondable de la terre où la froideur ténébreuse régnait sur son trône invisible.
Ton mystère que tu voulais découvrir garde son voile ténébreux »
Du coup, dépité, j’applaudis ma bêtise et réalisa que mes applaudissements n’étaient pas sourds, ils résonnaient. J’en conclus que j’étais dans une grande salle, cavité ou je ne sais quoi puisque je ne voyais rien.
« Mais quel idiot !! Bon sang ! Parfois je me demande si ma tête fonctionne… »
Je fouillais dans mes affaires car tout d’un coup, dans un éclair de génie, je me rappelai que j’avais de la lumière. En effet, une petite boule en sorte de marbre que m’avais donné mon père lorsque je quitta Na’Helli afin de découvrir le monde.
Je palpais l’intérieur de mon sac et la trouva.
« Par ma barbe !! Quel est le mot ? Réfléchis… ah oui ! BELLA ! »
Et la lumière fut.

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C’est alors qu’à mes yeux émerveillés, levant une partie de l’encre obscure dans laquelle je baignais, je vis la chose la plus mystérieuse et la plus belle jamais vu.
J’étais sous terre, dans une forêt aux immenses arbres.
Une forêt dont les arbres semblaient pétrifiés, des arbres de granit s’élevaient majestueusement tout autour de moi.
Leur noir feuillage formait une voûte insondable où le murmure d’un vent faisait frémir ces feuilles noires.
Devant moi, un chemin s’ouvrait bordé d’arbres.
Comme s’ils s’étaient levés sur leurs racines et s’étaient déplacés pour me laisser la place.
Derrière moi je vis le trou par lequel j’avais été craché.

J’entrais… j’entrais dans cette forêt extraordinaire.
Mise à part le frémissement des feuilles et le son de mes pas, aucun bruit se faisait entendre.
J’avançais dans cette forêt d’un autre age vers un mystère plus profond encore qui, je n’en doutais pas, allait changer ma vie.
Seul, accompagné de mon courage, j’arpentais le chemin mystique inondé de rayons obscurs.
1 ou 2 heures avaient dû s’écouler et au loin une lumière éthérée avait apparu.
1 millier d’interrogations submergeaient mon cerveau mais je ne pouvais répondre à aucune. Peut être la clé sera derrière cette lueur, ou peut être est- ce là l’accès à mon réveil car oui, peut être que je rêve.
Tout ceci serait-il une vaste illusion de mon esprit ? Et pourtant…
La pâle lueur éthérée devenait de plus en plus luminescente, plus radieuse au fur et à mesure que je m’en approchais.
Je l’atteignis et dû me protéger les yeux d’un tel rayonnement mais sans hésiter je pénétrais dedans.

Pendant ce laps de temps où mes yeux tentaient de s’habituer à cette nouvelle clarté, mes autres sens retrouvaient une nouvelle vie.
Des sons familiers envahirent mes oreilles et des parfums pénétrèrent mes narines. Le parfum terreux de l’humus d’un sous- bois et les parfums doux et suaves des fleurs me plongèrent dans une délicieuse volupté. Enfin, mes yeux, joyeux d’avoir quitté les ténèbres, s’enivrèrent de cette clarté à nouveau retrouvée.
Ces retrouvailles finis, je regardais autour de moi, une forêt, tout ce qu’il y a de plus normale et de plus naturelle, non comme celle que j’avais quitté.
Naturelle mais elle ne ressemblait à aucune de celles que j’avais visité sur Olympia.
Quel était donc encore que ce mystère ?
Cette façon étrange qu’avait la mousse d’habiller ces arbres devant moi comme s’ils marquaient ou indiquaient tel un panneau un territoire méconnu depuis des siècles.


Je décidais de grimper à la cime d’un arbre afin de pouvoir me repérer, de là haut je pourrais sans doute reconnaître quelque chose.
J’arrivais à la cime ballotante, me tournais et me retournais tel une girouette au gré du vent et là je le vis…

J’ai vu…j’ai vu un arbre, un arbre dépassant, écrasant par sa taille tous les arbres connus. Par delà la cime des arbres, j’ai vu…
Un arbre titanesque, dont la ramure à l’envie gargantuesque semblait s’étendre sur les cieux.
Je n’ai jamais vu d’arbre aussi beau, aussi majestueux…
Magique rencontre, illusion optique ? Rêve peut être ?... il me faut vérifier l’irréalité de la chose. Je descendis de l’arbre.
Partis, courant sur les traces invisibles d’une image irréelle d’un roi de bois.
Je courais après une fantaisie, une illusion d’un fantasme, un rêve éveillé qui agite mon esprit d’une fibre magnifique à la joie ineffable.
Non ce n’est pas une ineptie que de rêver, de croire, c’est inespéré dans la compréhension du monde et de ses idées.
Ca détruit l’inéluctable.
Peut être cela fait-il partie de mon esprit, de l’univers de ma conscience inconsciente.
Des bruits et une sensation d’eau me sortirent de mes réflexions, je m’aperçus que j’étais dans le lit d’une rivière peu profonde.
Surpris et amusé de la situation, je bu son eau fraîche et me barbouilla le visage lorsque je me releva, à travers les arbres une clairière et le vis à nouveau.
Je repris ma course de peur qu’il disparaisse, je sortis de la rivière et de la forêt, il était là, majestueux, impressionnant, resplendissant…
Je tomba à genoux, une perle coula de mes yeux sur mon visage avant d’aller ce cacher timidement sous ma barbe.
Je ne sais pas combien de temps je suis resté là, hébété.
C’est à nouveau les bruits d’eau qui me firent revenir et m’aperçus que la rivière coulait depuis les racines de l’arbre.
La ramure des branches formait une voûte qui remplaçait les cieux où les rayons du soleil aux traits obliques comme des lances perçaient et formaient sur la mousse au sol un damier d’ombre et de lumière.
Il y avait sur les branches quelque chose que je n’arrivais pas à voir, à définir.
Quelque chose que supportaient vieilles branches grosse comme le plus gros des arbres.
Me rapprochant, je regardais son écorce craquelée où les rainures étaient aussi épaisses qu’un elfe.
Gigantesque armure pour un titan de bois.
Soudain je me sentis observé et j’aperçu au pied de l’arbre, d’où la rivière sortait, un ours. Enorme, terrifiant, assis sur ses pattes arrière m’observant d’un regard serein.
Je restais figé, que pouvais-je faire face à un ours.
Aussi étrange que cela puisse paraître, il prit la parole : « Bienvenu mon enfant. N’ai crainte, approche et tout te sera dit. »

Mithrandir Sy-Tel'Quessir.